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Les matchs à huis-clos ce week-end

En pleine « crise » du coronavirus dans le Morbihan suite à la découverte de zones de cluster à Auray, Crach, Carnac et d’autres communes aux alentours, les clubs de sport ont été autorisés par la préfecture du Morbihan à disputer des matchs et maintenir leurs entraînements… à huis-clos. De quoi nourrir l’incompréhension et les questionnements des dirigeants et responsables de clubs du 56, dont certains se demandent s’il ne serait pas plus simple d’interdire les matchs jusqu’au 14 mars, comme ce qui était initialement prévu par le premier communiqué du préfet.

Samedi et dimanche, les clubs amateurs morbihannais vont disputer des matchs de championnat, alors que les premiers cas de coronavirus ont été découverts sur le territoire morbihannais. Si des communes comme Vannes ont pris des mesures radicales pour interdire l’utilisation des équipements sportifs jusqu’au 14 mars, impliquant que les rencontres devant se disputer à Vannes sont repoussées à une date ultérieure, d’autres mairies n’ont pas pris d’arrêtés dans ce sens. L’arrêté de la mairie de Vannes publié le 2 mars indique notamment que « les compétitions sportives se déroulant dans les salles de sport et les enceintes sportives en plein air sont annulées. »

Mais certains clubs vannetais se déplacent ce week-end. C’est le cas notamment du Vannes Olympique Club, qui joue à Poissy samedi en National 2. Pour Pierre Lhotellier, directeur sportif du VOC, « on fait comme si on allait à Poissy. On a pas beaucoup d’informations pour l’instant, mais la fédération ne décalera pas les matchs. Pour nous, c’est musculation cette semaine », mais aussi quelques entraînements collectifs qui ont été autorisés par la mairie de Vannes, uniquement pour le groupe N2, comme pour le groupe Pro D2 du RC Vannes, mais trop peu pour préparer dans les meilleures conditions le déplacement en Île-de-France. Le club de football américain des Mariners de Vannes doit aussi se déplacer dimanche après-midi, pour rencontrer Angers dans le Maine-et-Loire. « Angers n’a aucune restriction. On va devoir aller là-bas sans s’être entraînés », regrette le head coach Grégory Rolland, qui n’a pas eu d’accès au terrain du Foso pour les entraînements. « Je compte sur mes joueurs pour faire de la musculation, mais il n’y aura pas de travail collectif. »

En déplacement à Angoulême demain soir pour la 23ème journée de Pro D2, le Rugby Club de Vannes a demandé à ses supporters, via un communiqué, de ne pas se déplacer en Charente.  » La rencontre contre le SA XV à Angoulême dans le cadre de la 23ème journée de Pro D2 est maintenue […] Il est par contre demandé au public vannetais de ne pas se rendre au match par mesure de précaution. Nous attendons éventuellement plus de précisions de la part de la préfecture de la Charente », indique le communiqué.

« On devrait décaler tous les matchs »

Ailleurs, la situation interroge. « On en a discuté avec le président. On a pas d’autre choix que de jouer », explique Mickaël Le Derff, entraîneur de la GL Locqueltas-Lomaria, qui doit recevoir l’ASTO de Vannes dimanche en D2. « Je ne comprends pas tout. On ferme les cinémas mais les piscines sont ouvertes… Chacun fait un peu à sa sauce. La municipalité de Locmaria nous a accordé le droit de jouer, Locqueltas n’a pas encore communiqué. »

A Locqueltas-Locmaria, l’affluence les jours de matchs ne dépasse pas les 30 spectateurs. « On va fermer la buvette, ça va refroidir certaines personnes de venir au stade », ironise Mickaël Le Derff, qui s’interroge malgré tout sur les mesures mises en place. « Notre public, c’est beaucoup des anciens. On va leur dire quoi ? Ils attendent les matchs avec impatience… Et puis il y a plusieurs entrées pour notre terrain principal. Comment empêcher les gens d’y accéder ? » Un avis partagé par Frédéric Filippi, l’actuel coach du CSM Trédion en D3 : « Je ne vois pas l’intérêt de faire des huis-clos pour une vingtaine de spectateurs. C’est peut-être plus risqué sur le terrain que sur la touche, les joueurs sont proches, se collent parfois, le public est plus espacé… La mesure est mal organisée. » Compliqué donc pour un club de district de s’organiser selon les mesures imposées par la préfecture, la Ligue et le district. « On devrait décaler tous les matchs prévus jusqu’au 14 mars », rajoute le coach de Locqueltas-Locmaria. « Quel intérêt, même en district, de jouer avec juste un arbitre un dirigeant et pas de spectateurs ? » Ce n’est clairement pas motivant et la Ligue semble s’être confortée de ces mesures ce jour, en accord avec les représentants des 5 districts qui la compose.

Interrogé ce jour, l’entraîneur de l’Elvinoise (R2) appelle au savoir-vivre de chacun. « Les spectateurs vont devoir respecter des mesures qui n’ont encore jamais été prises », explique-t-il. « On peut être d’accord ou pas d’accord avec ces mesures, mais il faut les respecter. De notre côté on fait le nécessaire… La semaine est compliquée mais on ne va pas refuser de jouer vu notre situation au classement. »

Pas de matchs dans les clusters

Les rencontres sportives impliquant des équipes se trouvant dans les zones de cluster sont tous reportés à une date ultérieure. C’est le cas de l’US Brech (D1), qui devait recevoir l’ES Crach dimanche après-midi. « On est entré dans le cluster, c’est désormais interdit de s’entraîner », commente l’entraîneur de Brech Christian Troboa. « On s’est quand même entraîné mercredi soir, avant que les décisions ne soient prises, mais notre match contre Crach était reporté quoiqu’il arrive. On jouera éventuellement le 15 contre Séné, notre dauphin, mais ce sera après 3 semaines sans compétition. »

Ne serait-il pas plus simple de repousser toutes les compétitions plutôt que de faire du cas par cas et de prendre des mesures de huis-clos bien difficiles à respecter pour les clubs amateurs ? La question se pose. En attendant, les spectateurs sont invités à rester chez eux ce week-end.

Titouan Le Brun
Créateur et Auteur de Stade Vannetais. 💯