A la suite des décisions de la FFF, l’ES Plescop a obtenu son ticket pour le Régional 2. Second de sa poule de R3 derrière Theix B qui ne peut pas monter (la A évoluant en R2), Plescop écrit une nouvelle page de son histoire, fruit de longues années de travail, de la PH à la DRH en passant par le district. Son jeune président Pierre Dugast, pas encore 27 ans, nous parle de cette montée historique.

La décision de la Fédération Français de Football de stopper les championnats est parue jeudi midi : comment l’avez vous accueillie ?
Depuis que le championnat s’est arrêté, on en a beaucoup discuté avec les joueurs et le staff. On avait très peu d’espoir que la compétition reprenne. On s’était préparé à ça.
Suite à cette décision de la FFF, vous décrochez une montée en R2. Quelle a été la réaction au sein du club ?
On avait cet objectif dans un coin de notre tête depuis cette victoire contre Theix (2 – 0 le 8 mars, lors du dernier match disputé par Plescop, ndlr), même si on a toujours voulu prendre les match un par un. C’est une satisfaction, ajoutée par le maintien de la B en D2 et de la C en D4.
Ca fait plusieurs semaines que mes joueurs m’envoient des liens sur les rumeurs qui courent quant à l’avenir des championnats. Pendant quelques temps, la Fédé et la Ligue n’ont pas communiqué donc on regardait les différents articles qui paraissaient dans les médias. Les gars attendaient une seule chose : que ce soit officiel et qu’on monte en R2. Aujourd’hui, tout le monde est très heureux et on espère juste une chose : c’est de se retrouver pour pouvoir fêter la montée !
Des clubs ont écrit à la Ministre des Sports par rapport à la décision de la FFF, ces clubs sont pour les montées mais contre les descentes. Comment réagis-tu à ça en tant que président ?
Le plus logique pour moi aurait été d’acter une saison blanche même s’il y aurait eu une petite déception pour nous. Dans chaque décision qu’aurait pu prendre la FFF, il y aurait eu des clubs contents et d’autres moins satisfaits. La décision est dure à prendre car ça engendre aussi des pertes de budget pour certaines associations mais il fallait trancher et choisir… Ils s’adaptent à ce contexte particulier.
Revenons à la compétition : vous avez su rester concentré du début de la saison jusqu’à mars avec 9 victoires en 14 matchs : comment analyses-tu cette saison ?
Je pense que le groupe a appris de l’année dernière. La saison passée, on a joué notre maintien en R3 jusqu’à la dernière journée. Depuis, on a beaucoup appris, on a mis en application ce que nous a dit le coach et on s’est habitué à travailler ensemble. Toutes les équipes que l’on a affrontées savaient qu’on était dur à jouer parce qu’on était bien en place. On a aussi réussi à être efficace devant le but. On s’est remis en question dans des matchs où on a eu des déclics, comme contre Pluvigner où on perd 2 – 0 à la mi-temps et où on gagne 3 – 2 à la fin. Du gardien à l’attaquant, on a su être une équipe soudée tout au long de la saison.
C’est la victoire d’un club dans son ensemble ?
La montée de l’équipe première est une récompense pour tout le club ! Il y a des gens qui s’investissent ici tout au long de l’année comme le coach. On a un bénévole qui est sur le banc depuis 20 ans. Il a connu la D1, il a connu la PH et la DRH à l’époque, là il a connu la R3 et a failli connaître la D1 en descente l’année dernière… Maintenant il va connaître la R2 ! Pour lui, monter en R2 est la meilleure chose qu’on puisse faire. Ce n’est pas que le travail d’une saison mais le travail de quelques années qui porte ses fruits : celui de Christian Régnier qui était président avant, celui de Nicolas Le Lausque qui est joueur en A et qui est le trésorier du club et celui des joueurs… Et je remercie nos fidèles supporters avec Clément Le Gac qui mène le kop.
« Jamais le club n’a connu ce niveau-là »
Vous vivez un moment historique…
C’est historique, jamais le club n’a connu ce niveau-là. C’était un grand cap à passer pour pouvoir développer la formation et attirer des jeunes qui ne réussissent pas dans d’autres club, par manque de place ou autres contraintes, et qui veulent venir à Plescop pour s’amuser et prendre du plaisir.
La formation des jeunes est importante à Plescop ?
80% des joueurs de l’équipe sont sortis du club de Plescop. Certains ont été faire des piges ailleurs comme Léo Denis ou moi-même.
L’équipe est à la fois jeune et expérimentée…
Ce sont des jeunes qui commencent à avoir de l’expérience ! Notre moyenne d’âge doit tourner autour des 23-24 ans. Avec ces jeunes on a des joueurs d’expérience comme Nicolas Le Lausque qui a 36 ans et qui nous fait sa meilleure saison cette année. Si le championnat avait continué, il ne s’arrêtait jamais ! Les joueurs ont pris confiance en eux et ils méritent aujourd’hui d’aller jouer en R2.
Tu es le meilleur buteur de l’ES Plescop cette saison…
C’est plutôt anecdotique ! A la base, je suis quelqu’un qui préfère faire des passes décisives. C’est la première fois depuis que je joue au football que j’ai ce statut !
Cela fait combien de temps que tu es dans ce rôle de président/joueur ?
Ca fait deux ans. La première année, j’étais président-joueur et probablement l’un des présidents les plus jeunes en Ligue. Le temps que tout se mette en place, j’ai été bien accompagné par les membres du bureau : on a restructuré car on avait envie d’évoluer. L’année dernière, j’ai souhaité me mettre en binôme et Antoine Le Bohellec m’a rejoint en tant que co-président. Lui gère toute la partie sportive pour que je puisse m’écarter de tout ça le dimanche et me concentrer sur le terrain. Cette montée est aussi pour lui car c’est la récompense du travail que l’on fait tout au long de l’année ! Je suis beaucoup aidé par les membres du bureau, par les conseils de Bertrand (Ayoul, ndlr) qui est notre coach. J’ai pu déléguer cette année, chacun prend ses responsabilités et ça fait plaisir.
Quel était ton parcours avant ce retour à Plescop ?
Je suis resté à Plescop pendant toutes mes années de jeunes. Il y a 5 ans, je suis parti à Locminé où j’ai passé 2 ans là-bas avec Didier Noblet et Pierre Talmont et où j’ai beaucoup appris. Mais j’ai un travail qui me prend beaucoup de temps donc je savais que le foot serait secondaire pour moi et je voulais m’investir bénévolement dans un club. Je suis revenu à Plescop, je me suis investi dans le bureau et me voilà président.
« Si on vient à Plescop, on vient pour mouiller le maillot »
Crise oblige, des risques financiers planent sur le football amateur avec notamment le retrait de certains partenaires pour des raisons économiques évidentes : quelle est la situation à Plescop ?
Dans notre club, on a besoin du sponsoring et de nos partenaires. Mais comme on ne paye pas nos joueurs et qu’on ne donne pas de prime, on ne risque pas de mettre le club en péril. A Plescop, on ne fera pas le choix de payer des joueurs. Les présidents qui étaient avant moi comme Christian Régnier, moi, Antoine le Bohellec et les présidents qui passeront après ne le feront pas car on souhaite garder notre structure familiale en la développant au plaisir. Si on vient à Plescop, on vient pour mouiller le maillot et prendre du plaisir avec ce côté familial : à la fin du match toutes les familles sont là, on peut boire un coup, on peut discuter. Il n’y a pas d’histoire d’argent, car ces histoires d’argent pourrissent le foot amateur. Ici, on te paye pas mais t’as ta bière à la fin du match, t’as les familles, la compétition… C’est ça le foot !
Vous commencez à préparer la saison prochaine?
On prépare la saison à distance. On échange avec les membres du bureaux et les coachs par Skype ou par téléphone. La difficulté aujourd’hui c’est que beaucoup de joueur ne savent pas ce qu’ils vont faire l’année prochaine, par rapport aux écoles. On attend un peu les réponses.