Interview Foot

Pierre Talmont : «On va apporter du sang neuf»

Photo : Benjamin Bénéat

Ancien défenseur central du VOC et entraîneur de la Saint-Colomban Locminé pendant 6 ans, Pierre Talmont succède à Pierre-Alexandre Lelièvre à la tête du Vannes Olympique Club. Lui qui a connu la CFA, le National, la Ligue 2 et la DSE avec Vannes n’a rien oublié de ses années vannetaises et fait part de son impatience de se mettre au travail, et de rivaliser pour le haut de tableau. Son projet : gravir les échelons avec le VOC et recruter des joueurs locaux, comme Léo Yobé, première recrue de l’été.

Pierre, il y a six ans tu quittais Vannes pour un poste d’entraîneur-joueur à Locminé. Tu avais déclaré « peut-être un jour nous retravaillerons ensemble » : Ce retour était écrit !

Oui, même si à l’époque il n’y avait pas les mêmes dirigeants ! Forcément, j’ai toujours eu une affection particulière pour Vannes : c’est là que j’ai vécu mes plus belles années en tant que joueur et j’étais déjà revenu après le dépôt de bilan, en DSE, pour participer à la reconstruction du club. Je ne suis resté qu’un an puisque j’ai eu une nouvelle opportunité qui m’a permis de me lancer dans une carrière d’entraîneur à Locminé. Tôt ou tard je serais revenu à Vannes. A quel poste ? Je ne le savais pas encore à l’époque…

Tu as failli y revenir plus tôt ?

Ca avait failli se faire l’année dernière au moment du changement d’entraîneur. J’étais dans une short-liste mais d’autres décisions ont été prises à l’époque. Ca n’a pas abouti il y a un an, ça s’est fait aujourd’hui et j’en suis très content car ça me permet de progresser dans ma jeune carrière d’entraîneur. J’ai l’opportunité d’entraîner en N2, avec un vrai projet, un président ambitieux et dans un club structuré qui se doit de jouer la montée en N1 à court ou moyen terme.

Tu as parlé de tes années Locminoises. Ton bilan là-bas c’est une montée en N3 et un maintien à ce niveau : tu es content de ce que tu as réussi à construire à la Saint-Co ?

Oui, parce qu’on a essayé de stabiliser le club en N3 et de le laisser dans le haut du tableau. Depuis 2-3 ans, on a réussi a assurer une place dans cette première partie de championnat, chose que le club avait du mal à faire avant. L’objectif a été atteint, c’est une satisfaction. Le club est beaucoup plus structuré aujourd’hui notamment au niveau de la formation grâce à l’excellent travail de Ronan Poudelet, responsable de la formation. Le club est sain, familial, structuré et très bien géré ! Pendant 6 ans, j’ai pu travailler sereinement et mettre en place ce que je voulais, ce qui m’a permis de gagner en confiance, en expérience. J’espère que mes successeurs Florent Besnard et Jacques Pichard feront du très bon travail, mais je n’en doute pas !

 

« Je n’ai pas envie de m’arrêter au National 2 »

 

C’est donc une nouvelle étape pour toi qui a connu la DH et la N3 en tant que coach : comment vis-tu ce nouveau tournant ?

C’est sûr qu’entre mes débuts de coach il y a six ans et aujourd’hui j’ai pris beaucoup d’expérience : je suis un autre entraîneur avec une autre approche et une autre vision. Je suis aussi ambitieux, je n’ai pas envie de m’arrêter au National 2 et Vannes peut me donner l’opportunité d’entraîner à un niveau encore supérieur.

Quel projet souhaites-tu mettre en place pour retrouver le National ?

Le discours a été simple avec le président : d’abord retrouver le haut du tableau en championnat. On sait que c’est difficile de viser la montée, mais le plus court sera le mieux car Vannes doit retrouver sa place. Des clubs comme Saint-Brieuc ou Concarneau ont mis 3-4 ans pour monter en National 1… Il faut parfois être patient et on travaille pour monter une équipe compétitive et jouer le haut de tableau dans un premier temps.

Avec une vision à moyen terme sur un retour dans le monde professionnel…

Oui, parce qu’il faut être ambitieux, mais il faut y aller étape par étape. On ne va pas faire de grandes annonces et on va faire preuve d’un peu plus de réserve.

Le VOC est dans un groupe de N2 assez concurrentiel avec plusieurs clubs qui jouent la montée : que penses-tu de ce championnat ?

C’est sûr ! On est confronté à des équipes qui ont un certain passé et un certain standing comme Rouen, Chartres, Granville, Saint-Malo et Blois qui partagent des ambitions très élevées. Cette année, on s’aperçoit qu’elles étaient dans la seconde partie de tableau et que ce n’était pas forcément les équipes annoncées – Châteaubriant et Saint-Pryvé – qui se sont retrouvées devant. Toutes les grosses cylindrées ont connu la difficulté cette année, même s’il n’y a eu que neuf matchs. Ces équipes auront envie de prendre une revanche cette saison, et jouer la montée. D’ailleurs, Saint-Malo a annoncé dans la presse qu’ils visaient la montée. Ca sera encore très disputé.

 

« L’équipe a manqué de vécu et d’expérience »

 

Cette année tu prends en main un nouveau groupe avec certains joueurs que tu connaissais déjà : quel regard portes-tu sur ton effectif ?

J’ai pu voir jouer l’équipe de Vannes assez souvent cette année en championnat, en Coupe de France et lors des matchs amicaux donc j’ai pu me faire une idée de ses forces et ses faiblesses. Il y a des joueurs de qualité c’est évident, mais il y a eu beaucoup d’arrivées l’année dernière : beaucoup de paris, beaucoup de jeunesse et des joueurs qui découvraient le niveau… trop à mon goût. L’équipe a manqué de vécu et d’expérience donc pour moi on ne peut pas repartir avec le même groupe, puisqu’il a été en difficulté cette année. Je l’annonce: il y aura 50% de changement dans l’effectif car j’estime que nous ne sommes pas assez armés pour jouer le haut de tableau. On va apporter du sang neuf, de la valeur ajoutée, mais avec plus de joueurs bretons. On l’a déjà fait avec la signature de Léo Yobé, et d’autres vont arriver bientôt.

Un groupe renouvelé à 50% c’est assez conséquent…

Ce n’est pas non plus 80% ! Mais c’est le rôle d’un entraîneur et de son staff que le groupe se mette rapidement en place, que la mayonnaise prenne. Pour moi, c’est nécessaire si on veut jouer le haut de tableau. L’avenir nous dira si on a raison.

Tu souhaites recruter sur quels postes en particulier ?

Peut-être plus au milieu du terrain et dans le domaine offensif. C’est surtout notre animation offensive qui est à revoir. Défensivement, j’ai encore des joueurs qui sont sous contrat.

Tu as également fait venir avec toi de nouveaux membres du staff comme Sullivan Copalle…

J’ai voulu réduire le nombre de personne dans le staff, qui pour moi était un peu trop conséquent. Si je fais venir Sullivan c’est parce qu’il a de l’expérience, il connaît le N2 et je l’ai connu à Laval en tant que joueur et il a été pendant 3 ans avec Pierre-Yves David en CFA à Saint-Malo. Il a une belle expérience dans la préparation physique et il peut beaucoup apporter au club. J’ai aussi décidé de confier la R1 à Bruno Lantrin, un ancien joueur du club, que je connais très bien. Je voulais un coach un peu plus expérimenté pour la réserve, qui connaît le championnat et qui a un discours un peu plus musclé pour les jeunes, qui va les préparer au monde senior et à la N2. A ce niveau-là, on sera moins dans la formation et déjà plus dans le résultat.

 

« Mes meilleurs moments sont à Vannes »

 

On en parlait au début de cette interview : tu es passé trois fois par Vannes en tant que joueur. Que retiens-tu de tes années vannetaises?

C’est sûr, dans ce club j’ai connu tout et son contraire. Tout parce qu’il y a eu l’accession en Ligue 2, la finale de Coupe de la Ligue, le 1/4 de finale de Coupe de France à Marseille. Je suis arrivé juste après la fusion entre le Vannes FC et le Véloce, je suis revenu après le dépôt de bilan donc ce club je le connais très bien et tous mes meilleurs moments sont là-bas. Aujourd’hui je vis une nouvelle étape puisque je n’ai jamais été dans la peau d’un entraîneur à Vannes, mais j’ai l’avantage de connaître beaucoup de personnes dans ce club.

C’est un stress ? Un bon stress ?

C’est sûr que je me mets un peu plus en danger parce que je serai jugé sur les résultats, alors qu’à Locminé l’objectif c’était le maintien donc j’étais un peu moins en danger. A Vannes, il y a cette petite pression supplémentaire car c’est un club ambitieux et on sait très bien que dans le football aujourd’hui, celui qui est en première ligne c’est l’entraîneur… Mais c’est le jeu ! C’est excitant et motivant et il y a tout pour bien travailler à Vannes. J’ai juste hâte de reprendre.

En parlant d’outil de travail, tu as pu voir au fil des années les évolutions du centre d’entraînement du VOC…

On a de très bonnes conditions pour s’entraîner ! Depuis mon départ il y a eu un City Stade de construit et de nouveaux vestiaires… Le danger c’est d’être dans un confort : quand on a tout à disposition, on peut être un peu moins dans le travail inconsciemment donc ça sera à moi d’être vigilant de ce côté-là.

On sort de deux saison tronquées par la Covid-19 : comment as-tu vécu cette période sans compétition?

A Locminé, on a eu la chance cette année de jouer un peu plus longtemps que les autres grâce à la Coupe de France. On a vécu dans l’incertitude, dans le doute de savoir si on allait reprendre le championnat ou non. Ca a été assez frustrant et stressant. J’espère que nous pourrons avoir une saison normale l’année prochaine et que des choses seront mises en place pour que l’on ne s’arrête pas au bout de six matchs.

Et avec du public dans les stade…

Oui ! Je pense que les gens sont en manque de compétition aujourd’hui et quand ça reprendra, ils seront très motivés et très contents de revoir du foot dans les stades.

Photo : Benjamin Bénéat

Titouan Le Brun
Créateur et Auteur de Stade Vannetais. 💯