Interview Foot

Franck Dufrennes réagit sur son départ du Vannes Olympique Club

Photo : Benjamin Bénéat.

Après 8 années passées au Vannes Olympique Club, Franck Dufrennes s’est engagé il y a quelques semaines avec l’Elvinoise, pensionnaire de R2. Celui qui a donné beaucoup de sa vie au football, comme joueur et comme éducateur, va découvrir un autre métier, celui d’entraîneur principal d’une équipe senior. Mais son départ du VOC, il ne l’avait pas vraiment prévu. Pas tout de suite. Non reconduit comme joueur il y a un an, il s’est retrouvé non-reconduit dans son rôle d’entraîneur des attaquants de la N2 et d’éducateur U16. Une désillusion pour un homme qui a marqué le club et qui souhaite aujourd’hui rétablir la vérité sur son départ.

Franck, te voilà entraîneur d’Elven un an après avoir pris un rôle dans le staff du VOC. Une nouvelle aventure commence pour toi…

Il y a un an, c’était déjà une nouvelle aventure parce que le VOC ne m’avait pas gardé comme joueur. On m’avait proposé un poste d’éducateur. C’était un autre métier, une autre organisation, une expérience intéressante qui m’a permis de faire une formation au BEF auprès de Christophe Coué. J’ai obtenu le diplôme, la formation était enrichissante et j’en ressors grandi. Donc la saison a été bénéfique.

Là, je n’ai pas choisi de partir. Dans ma tête j’étais focalisé sur une autre année au VOC.

Pourquoi le choix d’Elven ?

Quand les gens ont su que je n’étais pas gardé au VOC, j’ai eu plusieurs contacts pour plusieurs postes importants : prendre en charge des équipes seniors, des jeunes… Mon choix s’est vite porté sur Elven après une entrevue avec les dirigeants. J’ai beaucoup apprécié le contact que l’on a eu.

Ça faisait longtemps que tu réfléchissais à ta reconversion ? 

Une fois ma carrière de joueur terminée, je me suis toujours dit que je voulais continuer dans le foot. Je n’étais pas un super élève à l’école, j’ai donné beaucoup de ma vie au football. C’était une évidence que je devais continuer dans ce domaine-là. Je ne pensais pas forcément devenir coach. J’ai même réfléchi à devenir agent de joueur, travailler auprès des jeunes, plein de choses…

« J’ai beaucoup participé à la vie du club »

Déjà au VOC tu avais des missions d’éducateurs, tu étais même investi auprès de l’équipe première cette saison…

J’ai toujours été éducateur au VOC. Sans me mettre en avant, j’ai beaucoup participé à la vie du club que ce soit à l’époque de Stéphane Kerdodé, Loïc Vigo ou maintenant Maxime Ray. Cette “reconversion”, c’est une suite logique. Ce n’était pas mon obsession au départ mais l’année vécue avec mes U16 m’a donné l’envie de continuer sur cette voie par la suite. En plus, j’ai reçu beaucoup d’aide de la part de Stéphane Madec, Hervé Brouard et Pierre-Alexandre Lelièvre.

Cette année j’ai pris d’autres fonctions. Pierre Alexandre m’avait demandé d’être le coach des attaquants de la N2 sur les séances du jeudi matin. J’ai pris beaucoup de plaisir à m’investir auprès des joueurs et je pense que les joueurs ont pris beaucoup de plaisir également. Le contact passait bien et les mecs se prenaient au jeu. Ce poste me permettait de garder un pied dans le groupe N2 et je mettais ma petite contribution auprès des attaquants. Je pense avoir mis des choses cohérentes en place. 

Pour revenir sur l’année dernière : tu n’as pas été reconduit en tant que joueur par le club, c’était aussi ton choix ?

Le fait de stopper ma carrière de joueur au Vannes OC a été prise par le club. Pierre Lhotellier, directeur sportif de l’époque, ne souhaitait pas me conserver dans l’effectif. Je n’ai toujours pas compris sa décision, mais il avait eu l’honnêteté de me l’annoncer lui-même et de me dire que c’était sa décision.

Comment as-tu vécu ce passage ?

J’avais fait sept saisons en tant que joueur. J’ai fait beaucoup pour ce club en tant que joueur mais quand on m’a reçu pour me dire que je n’étais pas gardé, on n’a pas eu la décence de me proposer un autre rôle tout de suite.

Ça m’a affecté. Ça a même joué sur ma grande amitié que j’avais avec Pierre-Alexandre Lelièvre. On s’est parlé, on s’est dit les choses, on a travaillé ensemble de manière très professionnelle, et notre amitié est revenue. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup et qui est très compétent. Il m’a beaucoup aidé cette année.

J’ai énormément de respect pour Plescop, le club où j’étais cette année et Elven, le club où je serai l’année prochaine. Mais mon club de cœur c’est le Vannes Olympique Club. J’ai passé 7-8 années au club, j’ai connu tous les niveaux. Ça restera mon club et j’espère qu’un jour je reviendrai travailler au Vannes OC.

C’était donc un peu une désillusion… Tu en as vécu d’autres dans ta carrière ?

Ça reste que du foot ! Quand tu commences ce métier, tu sais que le monde du foot est tellement particulier que tu t’attends à avaler des couleuvres. J’avais connu une grosse déception à ma sortie de Colmar en National. Un agent m’avait contacté et je m’étais engagé avec lui. Sochaux, qui était en Ligue 1 à l’époque, m’avait proposé un contrat pro de 3 ans. Ça n’a pas abouti.

Par la suite, j’avais su par des gens du milieu que je n’avais pas signé à Sochaux à cause de cet agent, qui avait été très gourmand dans les négociations alors que je n’étais qu’un joueur de National… Ça a été dur à avaler ! Certes, après j’ai signé pro au PSG mais ce n’était pas mon premier choix, puisqu’à Sochaux j’étais intégré au groupe pro donc j’aurais eu ma chance à l’entraînement, en match. Mais ma plus grosse déception dans ma carrière restera celle que j’ai vécu avec le VOC, de loin.

Dans tes déclarations, on comprend que tu ne pars pas en très bon terme avec certaines personnes au Vannes OC : que s’est-il passé ?

Je quitte des gens que j’adore. Je pense à Monsieur Kerdodé a qui je dois beaucoup et il sait pourquoi : c’était un vrai président avec une parole. A Monsieur Vigo, qui a fait la transition et qui a bien rendu service au club, qui a fait du bon boulot et c’est aussi un Monsieur sur qui je pouvais compter, qui avait une parole. 

Malheureusement, aujourd’hui, quelqu’un doit dire les choses pour que les gens se rendent compte de ce qu’il se passe au club. Je les dis car j’aime le club : 

Depuis que le nouveau président est arrivé, il y a eu trois entraîneurs, entre 20 et 25 joueurs partis donc la stabilité du groupe N2 est remise en cause tous les six mois ou toutes les trois défaites.

L’année dernière, je ne suis pas gardé en tant que joueur. On me propose de basculer en tant qu’éducateur et dans le staff de la N2

Tu as vu une évolution depuis deux ans ?

Dès le début il y a 2 ans, les dirigeants nous annonçaient que Pierre Lhotellier ne devait pas être directeur sportif. Trois semaines plus tard, on apprenait par la presse qu’il était le nouveau directeur sportif du VOC… Humainement, tout n’est pas correct : par exemple, le club a annoncé le départ de Pierre-Alexandre Lelièvre sur les réseaux sociaux avant de l’annoncer aux joueurs… Ce ne sont pas des méthodes correctes.

Qui a fait le choix de ne pas te conserver au club ?

C’est la décision de Pierre Talmont, mais on en a discuté en face à face. Autant humainement on n’a pas accroché, autant je pense que c’est un très bon entraîneur, je le lui ai dit. S’ils souhaitaient changer, je pense que Talmont est un bon choix même si Pierre-Alexandre était aussi un très bon entraîneur.

Que penses-tu du VOC aujourd’hui ?

C’est mon club. Malheureusement, on est passé de gens qui se contentaient d’être présidents, loin du sportif, à des gens qui ne connaissent rien au foot et qui veulent tout gérer. 

J’ai encore des amis dans le vestiaire donc j’espère évidemment que tout va bien se passer. Mais le VOC, ce n’est pas que la N2, c’est des joueurs, des bénévoles et dirigeants et j’ai peur pour ces gens là. En plus, des bénévoles et des éducateurs arrêtent. Il va forcément y avoir des pots cassés à un moment donné, même si je ne le souhaite pas. Parmi les joueurs de N2 qui partent cette année, beaucoup ont décidé de ne pas rester alors que le VOC voulait les conserver. Et ce n’est pas que pour des questions sportives.

J’ai énormément de respect pour Plescop, le club où j’étais cette année, Elven le club où je serai l’année prochaine mais mon club de cœur, c’est le Vannes Olympique Club. J’ai passé 7-8 années au club, j’ai connu tous les niveaux et ça restera mon club. J’espère qu’un jour je reviendrai travailler au Vannes OC, mais quand les dirigeants actuels ne seront plus là.

Je tiens à remercier Messieurs Kerdodé, Vigo et Tozzo pour les années que nous avons vécu ensemble au VOC.

Titouan Le Brun
Créateur et Auteur de Stade Vannetais. 💯